Et samedi dernier, qu'est-ce que ma ville organise-t-elle pas? (on sent l'éloignement de Balzac, hein?) Une rencontre littéraire annuelle que je ne saurais manquer. Parcourant le programme des festivités, mon regard s'arrête sur un nom que je chéris : Florian Zeller. Miam. Autant séduite par ses écrits que ses yeux clairs, je me délecte d'avance. J'embarque mon sac, mon sourire glossé et ma copine, Miss Métisse. A nous deux Florian!
A peine arrivée sous le troupeau de tentes immense, je cherche du regard le beau blond que je suis venue admirer. Je m'engouffre dans le flot des lecteurs, lents, piétinants et bourrus. Décidément, moi et la foule... Reconnaissant derrière une pile de livre le chaleureux Daniel Picouly, je tente une sortie discrète bien que violente. J'attrape un de ses livres que je n'ai pas encore lu,
Le Coeur à la Craie, et m'approche pour papoter un peu. Il prendra le temps de me montrer les livres pour enfants qu'il a co-écrits (et oui, les blondes ne sont pas réputées pour lire les ouvrages sans images) et me tend ensuite le livre que je viens d'acheter, dédicacé, me précisant qu'il m'y pose une question. J'écarte la couverture qui craquelle doucement (qui eût cru qu'un bruit fut aussi doux à mes oreilles que celui du papier argent d'une plaque de chocolat que j'entame?). Et lis doucement : "
Julie, et toi c'était quand ce premier coup de foudre?". La joliesse de la chose plisse mes pattes d'oie naissantes (non non je ne fais pas de fixette là-dessus... mais quand même!!) et je m'éloigne en lui faisant une moue silencieuse, mon index pointé sur ma bouche. Il sourit. Absolument charmant.

Quelques mètres plus loin j'aperçois le stand de l'éditeur de Florian. Qu'il me pardonne cette familiarité. En le contournant, cherchant des yeux mon éphèbe promis, mon regard s'arrête sur une masse de cheveux blonds on ne peut plus impressionnante. Cousin Machin rencontre Robert Smith. Même de dos je ne pourrais la confondre à une autre : Nathalie Reims. Je n'ai jamais lu un de ses livres, mais je l'ai souvent regardée avec amusement décrire son univers romantico-médiévo-gothique dans les émissions littéraires tardives. Je lis les résumés des quelques livres présents et m'arrête sur la
Lettre d'une amoureuse morte. Pourquoi pas? Faisons l'essai. La jeune femme apprêtée me sourit, me dévisage et griffonne un petit mot. Je m'éloigne et ouvre le mince ouvrage discrètement : "
Pour vous jolie Julie, cette lettre d'une amoureuse morte. Très amicalement." Et alors que j'ai du mal à cacher mes joues qui s'empourprent, j'aperçois Floflo.
Les cheveux sable mélangés comme après une nuit d'amoureux, le visage d'enfant intelligent concentré sur ses dédicaces, il s'applique à réserver à chacun et chacune (beaucoup de
chacunes dans la file) un sourire, un mot, une politesse. Voyant qu'il ne reste à sa table que deux exemplaires d'un de ses livres, je tends le bras et m'empare de l'objet de convoitise. Non, pas Flo d'amour, mais une copie de
La Fascination du pire. Et peu après me voilà face au jeune homme, si grâcieux qu'il me fait me sentir moins femme, qui signe d'une écriture longue et ondulante : "
A Julie, en lui souhaitant la fascination du meilleur. Amicalement." Bousculée par les admiratrices avides, je me vois repoussée hors de la file, sans même avoir eu le temps de payer le livre. Je sors du chapiteau, le coeur dans les yeux, et m'asseois sur un banc avec Miss Métisse, à côté d'une jeune fille qui semble ne pas se remettre de la rencontre. Elle m'explique dans un rire électrique qu'elle adoooooooooooooooooooore Florian et, tremblante, qu'elle l'a trouvé magnifique-superbe-incroyable-distingué. Tout cela formant un seul et même mot amoureux, une boule d'idôlatrie qui palpite dans sa poitrine. Son fanatisme de collégienne me fait sourire et m'amuse. Je lui réponds alors qu'en effet, il est charmant et très agréable, mais ne manque pas d'ajouter dans un sourire : "
Enfin, ce n'est pas comme si Marc Lévy était là, hein!" La jeune fille à lunettes me regarde, pointe son doigt vers une longue file qui éventre le chapiteau et me lance : "
Mais si, il est là. Il dédicace son dernier livre".

Juju est en arrêt cardiaque. Marc. LE Marc. MON Marc est là. Et je ne le savais pas! Manquant d'assommer Miss Métisse et Miss FandeFlo dans mon élan, je me suis précipitée, jetée dans la langue sinueuse des admirateurs. Je n'en revenais pas. Moi qui ai lu tous ses livres, lui qui m'a tant enchanté par son écriture simple et ses histoires d'amour plus émouvantes que guimauvantes! Il a toujours su toucher mon coeur de fille, de lectrice et de personne. Bref, MON Marc est là, derrière la toile blanchâtre, à quelques mètres de moi. Miss Métisse file m'acheter un exemplaire de son dernier opus en catimini, je me verrais mal me faire dédicacer la fesse gauche. Ca je le reserve pour Robbie Williams.
Après 5 loooooongues minutes d'attente, je l'aperçois. Tel Indiana devant son Diamant Vert, mes yeux s'allument et un sourire béat, je dirais même niais, se colle sur mon visage. La barbe naissante, les yeux noisette, il sourit à ses lecteurs et signe rapidement les pages vierges préludant son livre. J'arrive enfin face à lui, les yeux aussi pétillants que ceux de Nicky Larson face à Laëtitia Casta, la bave au coin de la bouche en moins. Je prends quelques minutes pour lui avouer que j'aime beaucoup ce qu'il fait, que j'ai lu tous ses livres et que ce fut un vrai bonheur. Il me regarde, me sourit, me remercie sincérement, réfléchit quelques secondes afin de personnaliser la dédicace (il devait les copier-coller depuis la matinée). Je paie le livre, tremblante et émue. Finalement la plus jolie chose que j'ai vue ce jour là, parmi tous ces écrivains, a été cet homme, si "normal" et touché par mes compliments. Un peu plus loin, j'ai ouvert le livre et y ai lu : " Pour Julie, avec toutes mes amitiés, merci pour vos lectures fidèles". Juju sourit.
J'ai donc terminé chez moi, avec 4 nouveaux bouquins et mon portable rempli de photos de Florian et Marc. Maintenant, je vous laisse, j'ai quelques livres à dévorer. Double Miam.
