Papillonnage ou le flippage julien
Bon, j'avoue, sur ce coup là je ne suis vraiment pas fière de moi. Hier soir, j'ai fait ma Julie. Et c'est mal. Afin de prévenir les âmes les plus ignorantes et susceptibles de me lire, voici une petite expérience à but informatif.
C'était sur les coups de 2h30-2h45 ce matin même, vautrée sur mon canapé avec mon élégance habituelle, les pieds sur ma table basse, une cuillère à soupe plantée dans ma conserve de compote de pommes, l'ordi portable bouillonnant sur mes genoux, le ventilo poussé à plein régime m'asséchant les rétines, que j'ai fait ma Julie.
Tout a commencé lorsqu'un papillon de nuit est entré dans mon salon et a eu l'ingénieuse idée de se transater sur les moulures de mon plafond. Et s'il y a une chose que je n'aime pas, ce sont les papillons de nuit, les moustiques, les araignées, les vers et... bon ok ça fait plus d'un, mais c'est pour situer le tableau. Donc je flippe légèrement et décide d'ouvrir en grand ma fenêtre, tirant mes immenses rideaux au maximum. Ma bougie à la citronnelle a beau se consumer, le papillon ne semble pas être plus dérangé que ça. En fait, j'étais très fière de cette bougie. Etant partie la veille faire un petit tour de shopping au Luxembourg (inutile de le préciser, mais ça fait bien alors pourquoi m'en priver?!), j'avais ramené cette bizarrerie avec moi, une bougie énorme flanquée dans un pot en terre, genre pot-de-fleur.
J'adore l'odeur de la citronnelle, ça me rappelle mes étés d'enfance dans le sud, quand on buvait du Canada Dry dans le jardin, que le soleil se décidait enfin à se coucher, que les grillons commençaient leurs amours et que l'air sentait bon les barbecues dévorés. Repus, ennivrés par l'air tiède, nous allumions des bougies à la citronnelle avant de commencer nos parties de tarot.
Tout ça pour vous situer à peu près la taille de l'engin (la bougie, suivez). C'est important pour la suite. Peut-être une dizaine de minutes après mon ouverture théâtrale de rideaux, la bête immonde et répugnante était toujours acollée à mon plafond, indélogeable. Une odeur étrange a commencé à s'installer. Il était tard, mes transmissions synaptiques étaient encore plus lentes que d'habitude, et j'ai mis 5 minutes à tourner ma tête vers la fenetre.
La bougie a pris feu. Dans mes bêtes conceptions de blonde, une bougie, lorsqu'elle n'a plus de cire, s'éteint. Mais pas mon gremlin citronnellisé. Du pot s'échappent des flammes bouillonnantes. Là, soudainement, j'oublie le papillon de nuit. Premier réflexe : mon chat. Elle dort, tel le sumo qu'elle est, étalée de tout son flan, sur mon tapis neuf. Et parlez moi de l'odorat des chats... Deuxième réflexe : Grosbisou. Il est assis sur le canapé et couvre ses yeux de ses petites pattes rondes. Il tremble. Bon, que ferait McGyver?...
...
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Eteindre le feu.
Ok.
Je cours à la cuisine de mon pas éléphantesque, attrape une bouteille d'Evian, fais le chemin inverse. Les flammes commencent à être vraiment impresionnantes. Aie aie aie. Je balance un peu d'eau dans le pot et là... et là... BWAOUF. Bon je sais, j'imite mal un nuage de feu, mais j'ai pas mieux. Une véritable boule rouge a jailli du pot, pot en terre qui commence lui-même à prendre feu. Les flammes font désormais un mètre de haut et commencent à lécher amoureusement les rebords de ma fenêtre (en bois évidemment, sinon ça ne serait pas drôle). C'est à ce moment là que je me suis dit qu'il était possible, je dis bien possible afin de me déculpabiliser, que la cire soit une matière oléagineuse. Donc boulette.
A ce moment là, la Julie panique. Je cours réveiller ma coloc' (oui bon c'est pas très utile, mais je préfère flipper à deux) en lui hurlant dans les oreilles : "Y a l'feuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu". La voilà qui bondit de son lit, mal réveillée, les yeux encore collés, fantasmant probablement un scénario de guerre. Elle attrape une serviette, la mouille et s'approche du pot. Mais le brasier nous empêche de nous approcher.
Après quelques minutes où nous sommes restées plantées là, à regarder le massacre d'un air dubitatif et très con, le feu a commencé à diminuer, jusquà s'éteindre spontanément. Les grésillements titillent l'oreille de mon chat qui ouvre un oeil. Et le referme.
J'ai passé au moins une bonne heure à regarder le pot de façon menaçante, les grésillements sporadiques me faisant sursauter. Et puis j'ai eu une révélation. Si si. Si le papillon de nuit n'était pas entré et n'avait pas squatté mon plafond, je n'aurais pas écarté mes rideaux. Et j'aurais probablement fini carbonisée dans mon canapé, mon ordi fumant sur les genoux et ma conserve à proximité. Mort indigne. Alors je me plais à croire que La Bête était un signe. Un truc digne d'une histoire à la M. Night Shayam... Shamala... Shmayala... Enfin une histoire à dormir debout.
Alors non, je ne promets pas de chérir ces fichus papillons désormais, mais lorsque j'en truciderai un, je le ferai avec amour.