Le monde de Juju

22 juillet 2006

Papillonnage ou le flippage julien

Bon, j'avoue, sur ce coup là je ne suis vraiment pas fière de moi. Hier soir, j'ai fait ma Julie. Et c'est mal. Afin de prévenir les âmes les plus ignorantes et susceptibles de me lire, voici une petite expérience à but informatif.

C'était sur les coups de 2h30-2h45 ce matin même, vautrée sur mon canapé avec mon élégance habituelle, les pieds sur ma table basse, une cuillère à soupe plantée dans ma conserve de compote de pommes, l'ordi portable bouillonnant sur mes genoux, le ventilo poussé à plein régime m'asséchant les rétines, que j'ai fait ma Julie.

Tout a commencé lorsqu'un papillon de nuit est entré dans mon salon et a eu l'ingénieuse idée de se transater sur les moulures de mon plafond. Et s'il y a une chose que je n'aime pas, ce sont les papillons de nuit, les moustiques, les araignées, les vers et... bon ok ça fait plus d'un, mais c'est pour situer le tableau. Donc je flippe légèrement et décide d'ouvrir en grand ma fenêtre, tirant mes immenses rideaux au maximum. Ma bougie à la citronnelle a beau se consumer, le papillon ne semble pas être plus dérangé que ça. En fait, j'étais très fière de cette bougie. Etant partie la veille faire un petit tour de shopping au Luxembourg (inutile de le préciser, mais ça fait bien alors pourquoi m'en priver?!), j'avais ramené cette bizarrerie avec moi, une bougie énorme flanquée dans un pot en terre, genre pot-de-fleur.

J'adore l'odeur de la citronnelle, ça me rappelle mes étés d'enfance dans le sud, quand on buvait du Canada Dry dans le jardin, que le soleil se décidait enfin à se coucher, que les grillons commençaient leurs amours et que l'air sentait bon les barbecues dévorés. Repus, ennivrés par l'air tiède, nous allumions des bougies à la citronnelle avant de commencer nos parties de tarot.

Tout ça pour vous situer à peu près la taille de l'engin (la bougie, suivez). C'est important pour la suite. Peut-être une dizaine de minutes après mon ouverture théâtrale de rideaux, la bête immonde et répugnante était toujours acollée à mon plafond, indélogeable. Une odeur étrange a commencé à s'installer. Il était tard, mes transmissions synaptiques étaient encore plus lentes que d'habitude, et j'ai mis 5 minutes à tourner ma tête vers la fenetre.

La bougie a pris feu. Dans mes bêtes conceptions de blonde, une bougie, lorsqu'elle n'a plus de cire, s'éteint. Mais pas mon gremlin citronnellisé. Du pot s'échappent des flammes bouillonnantes. Là, soudainement, j'oublie le papillon de nuit. Premier réflexe : mon chat. Elle dort, tel le sumo qu'elle est, étalée de tout son flan, sur mon tapis neuf. Et parlez moi de l'odorat des chats... Deuxième réflexe : Grosbisou. Il est assis sur le canapé et couvre ses yeux de ses petites pattes rondes. Il tremble. Bon, que ferait McGyver?...
...
...
...
...
...
Eteindre le feu.
Ok.
Je cours à la cuisine de mon pas éléphantesque, attrape une bouteille d'Evian, fais le chemin inverse. Les flammes commencent à être vraiment impresionnantes. Aie aie aie. Je balance un peu d'eau dans le pot et là... et là... BWAOUF. Bon je sais, j'imite mal un nuage de feu, mais j'ai pas mieux. Une véritable boule rouge a jailli du pot, pot en terre qui commence lui-même à prendre feu. Les flammes font désormais un mètre de haut et commencent à lécher amoureusement les rebords de ma fenêtre (en bois évidemment, sinon ça ne serait pas drôle). C'est à ce moment là que je me suis dit qu'il était possible, je dis bien possible afin de me déculpabiliser, que la cire soit une matière oléagineuse. Donc boulette.

A ce moment là, la Julie panique. Je cours réveiller ma coloc' (oui bon c'est pas très utile, mais je préfère flipper à deux) en lui hurlant dans les oreilles : "Y a l'feuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu". La voilà qui bondit de son lit, mal réveillée, les yeux encore collés, fantasmant probablement un scénario de guerre. Elle attrape une serviette, la mouille et s'approche du pot. Mais le brasier nous empêche de nous approcher.

Après quelques minutes où nous sommes restées plantées là, à regarder le massacre d'un air dubitatif et très con, le feu a commencé à diminuer, jusquà s'éteindre spontanément. Les grésillements titillent l'oreille de mon chat qui ouvre un oeil. Et le referme.

J'ai passé au moins une bonne heure à regarder le pot de façon menaçante, les grésillements sporadiques me faisant sursauter. Et puis j'ai eu une révélation. Si si. Si le papillon de nuit n'était pas entré et n'avait pas squatté mon plafond, je n'aurais pas écarté mes rideaux. Et j'aurais probablement fini carbonisée dans mon canapé, mon ordi fumant sur les genoux et ma conserve à proximité. Mort indigne. Alors je me plais à croire que La Bête était un signe. Un truc digne d'une histoire à la M. Night Shayam... Shamala... Shmayala... Enfin une histoire à dormir debout.

Alors non, je ne promets pas de chérir ces fichus papillons désormais, mais lorsque j'en truciderai un, je le ferai avec amour.

10 juillet 2006

Diabolo fraise

Dimanche matin.
Réveillée par un couple d'oiseaux batifolant sur le rebord de MA fenêtre (évidemment, chez le voisin ça aurait été moins drôle puisque lui était déjà évéillé depuis longtemps), je décide d'optimiser ce dimanche ensoleillé de juillet. Après avoir fait dégager les amoureux à l'aide de mon brumisateur Evian, j'attrape mon portable et appelle La Goutte, ma copine poivrotte. Et une heure plus tard, nous voilà parties dans la Mini décapotable de Ma Cruche Préférée sur la route des vins alsacienne.

Loin du foulard a peine noué de Grace, j'enfourne une casquette Von Dutch sur ma tête, me cale contre le moelleux du siège et me laisse bercer par la route que nous dévorons goulûment. Le paysage se fait roux et les champs dorés, l'air exhale ses essences de caoutchouc tiède et de noisette grillée, toute la nature offre au soleil ses senteurs les plus gourmandes. Je me sens Thelma, je me sens libre, fugitive épicurienne de L'échappée Belle d'Anna.

Et nous voletons de Cave en Cave, nous baignant de l'odeur champignonnée de la fermentation, nous laissant cajoler et imprégner par l'humidité intimidante des tombeaux vinaires endormis. Et nous trempons nos lèvres dans des alcools aux couleurs de pomme et de groseille, parfois âcres et sucrés, toujours vêtus d'une robe tourbillonnante. Mais nous décidons de stopper le manège lorsque, en remontant d'une Cave, mon pied droit a refusé de suivre les instructions émises et que je me suis lamentablement étalée, le visage marqué par la pierre.

Nous sommes alors passées acheter quelques Bretzels et nous sommes reposées une petite heure dans un champ sauvage. Après avoir déplié la couverture épaisse datant du service militaire de mon père, je me suis allongée à côté des initiales flanquées à un coin et me suis mise consciencieusement à manger les grains de gros sel parsemant les viennoiseries, m'écorchant la langue de plaisir.

Après avoir somnolé (cuvé?), nous sommes reparties d'un bon pied, le sourire aux lèvres et la bouche encore parfumée de raisin. Et c'est après quelques kilomètres seulement que, au milieu de nulle part, la voiture nous a obligées, d'un pas chassé on ne peut plus disgracieux, à nous ranger sur le bas-côté. Verdict de Docteur Lie : un pneu crevé. Coup d'oeil à gauche. Coup d'oeil à droite. Personne. Et nous voilà, accroupies contre le sol, l'oreille collé au bitume, prises d'un fou rire rosé, à surprendre l'arrivé du chaland motorisé. En vain. Il va donc falloir se débrouiller. Assaut des portables... Pas de réception. Thelma est devenue Robinson. Et Vendredi est en train de faire pipi derrière un bosquet, toujours hilare.

Pas le choix : sortir les armes. J'ouvre le coffre, prends le truc à déboulonner et le machin à soulever, et me dirige d'un air sceptique vers la flasquerie pneumatisée. Je place le cric sous la carcasse agonisante et soulève, après bien des efforts, la voiture d'une dizaine de centimètres. Maintenant : déboulonner. Mais j'ai bien dû mettre 5 minutes à m'apercevoir que, ayant soulevé la voiture en premier, le roue tournait bêtement dans le vide, comme amusée de ma bétise. Baissage de cric. Déboulonnage, tome 2. Je tente de toute mes forces de faire tourner ce fichu **** de ******* de truc de *********, mais sans succès. Je me mets littéralement à sauter sur l'engin de métal, rebondissant de tout mon coeur (qui à ce moment est surtout au bord de mes lèvres) sur la branche de la manivelle. Ca ne marche pas.

" - Vous devriez essayer dans l'autre sens !
- Pardon ?
- Le truc ... Dans l'autre sens. "

Il est là, appuyé contre sa voiture, le sourire narquois et les lunettes fumées. Mon Pichet jette un oeil sur l'arrivant et lui demande d'un ton mal assuré s'il peut nous aider. Rire moqueur.

" - Non, c'est beaucoup plus drôle de vous regarder.
- ...
- Désolé! "

Et il s'asseoit sur son capot aveuglant, accoudé sur ses genoux, contemplant la scène.

" - Vous voulez aller boire un verre ?
- Vous voulez m'aider ?
- Non .
- Alors continuez votre chemin .
- Vous boudez ?
- Non, je change une roue.
- Enfin, vous essayez . "

Et voilà La Bouteille repartie dans un fou rire. Solitude. Je finis par réussir à enlever la maudite loque, la remplace par la roue de secours, range le matériel. Je fusille du regard notre spectateur inconvenant. Miss Pichet se réinstalle derrière le volant, je rejoins la place du mort et nous repartons en soupirant.

La chute de cette histoire s'est écrasée mollement cet après-midi, lorsqu'une amie m'a invitée à boire un verre avec un garçon que je vais adoreeeeeeer chérie. J'ai retrouvé autour de la table mon hôte, affublée de notre conducteur acide. Oh joie. Et ce qui m'énerve le plus dans l'histoire, c'est qu'on a fini par le boire ce fichu verre. Y a pas de justice.

08 juillet 2006

La t'huile

Aujourd'hui, mon petit comité personnel (c'est-à-dire moi, Grosbisou et euh... mon sumo de chat) a décidé que c'était le jour J. Oui, le jour Julie, où, loin de l'agitation bourdonnante du monde qui m'est extérieur, je ne me consacre qu'à ma petite personne (et Dieu sait qu'elle aime ça!). Après tapotage de doigts sur ma bouche je finis par me décider pour le squattage d'un salon de bien-être. La totale.

14h.
Je me présente donc dans l'antre du plaisir égoïste, petite bulle destinée à n'aimer que moi. Enfin, si je paie assez. Après une grasse mat' que je qualifierais de royale, me voilà prête à me faire chouchouter. Les propositions s'avèrent alléchantes : massage facial, séance UV, soin à la rose, embellissement à l'argile, massage intégral ou encore bain aux huiles essentielles. J'ai 8 ans et je suis devant le catalogue de Jouéclub.

14h30.
Après avoir papoté avec une esthéticienne toute pomponnée autour d'un thé au caramel, je finis par opter pour un massage intégral. Les narines pourléchées par l'odeur suave du thé, je me dirige vers la cabine à la lumière tamisée. Je me déshabille en vitesse derrière le paravent en bois et me couvre d'une longue serviette épaisse. Il fait déjà chaud et, baignée dans mon atmosphère amniotique, mon esprit se ramollit déjà. La porte s'ouvre, je sors de ma cachette et tombe nez à nez avec un masseur, ou plutôt ses coudes anguleux. Ses mains, étaux de la taille de ma tête, m'effraient déjà. Je tire sur ma serviette comme je peux, me rendant compte que finalement je ne fais que déplacer le peu de tissu qui me couvre et que le taux de viande à l'air reste de toute façon le même. Il m'invite à m'allonger et, toute rougissante, je m'étale sur le ventre et attends, beaucoup moins relaxée. Cela peut vous paraître étrange (et comme je vous comprends!) mais je n'ai pas vraiment pour habitude de me faire tripoter par un inconnu alors que je suis à moitié nue. Et oui, les boîtes c'est pas mon truc. Par contre lui semble totalement à l'aise alors qu'il engraisse ses étaux pour mieux travailler la pâte. D'un geste un peu trop habitué pour être plaisant, il descend la serviette sur mes hanches et, j'en avais déjà le doute, je deviens cramoisie. L'air de rien, je souris pâlement, après tout c'est le jour J, rien ne doit me dépiter. Et le voilà qui se met à me pétrir, me tordre et me malaxer. Dire que ce massage a été agréable serait.... hem... vous mentir. Je suis sortie de la pièce complétement meurtrie, la chair remuée criant sa souffrance à chacun de mes pas. Je traîne ce qui me sers de corps claudicant vers la salle atenante. Suite du programme.

15h.
Désirant me remettre de mon entrevue avec Mr Durden, je m'allonge avec délectation (ou plutôt avec hématomes) sur la table "d'embellissement à l'argile". Une jeune femme entre. Soulagement. Avec un pinceau elle se met à me tartiner le corps et le visage d'une pâte verte à l'odeur marécageuse et m'emballe dans une cellophane transparente. J'ai l'impression d'être un suchi incomestile dont les effluves feraient fuir tout gourmet. Me voilà saucissonnée, incapable de bouger. L'argile sèche et se durcit. Je ne peux ni parler, ni ouvrir les yeux. Mon cerveau s'émiette et les minutes tiraillent. Que c'est long. Après un an, peut-être deux, la jeune femme vient me rincer à l'aide d'un jet "tropical". Je me démomifie avec plaisir et grimace du mieux que je peux, heureuse de retrouver ma mobilité. Fini le locked-in-suchi syndrome. Ma peau fragile est rougeaude et chaude, mes grains de beauté me brûlent et mes pores craquellent. La viande se faisande. Dernière étape : la cuisson.

16h.
Arrivée dans la cabine à UV, je verrouille la porte à double tour. Plus personne pour me maltraiter. Je me traîne difficilement dans la rôtissoire dont la plaque encore froide tord mes chairs de douleur. La minuterie se met en marche, c'est parti pour quelques instants de relaxation. La chaleur me détend rapidement, l'air chaud du ventilateur me mistralise les souvenirs et je me sens baignée par l'iode et le sable. Je m'endors presque, bercée par les vagues chaudes qui s'écrasent sur ma peau. Ting! Le poster méditerranéen retombe lourdement sur le sol, la séance est terminée. Je me sens bien, détendue et lovée par ma peau réchauffée. Je souris toute seule. Mes yeux se réhabituent progressivement à la pénombre et un doute fronce mes sourcils. J'allume la lampe et constate froidement que le soleil et l'argile n'ont pas fait bon ménage. Ma peau agressée a réagi et, au lieu d'avoir une conversation tranquille et diplomate avec mon cerveau, elle s'est contentée de placarder mon corps de flaques colorées. Les tâches vertes jurent violemment avec mes hématomes naissants, on dirait que j'ai joué à la vache qui tache version LCD colorsmart. J'enfile rapidement mes vêtements soudainement trop peu couvrants à mes yeux et file chez moi en rasant les murs.

17h.
Affalée sur le canapé.
Un verre de coca light glacé à la main.
Je boude et renomme jour J : jour Je ne fais rien.
Et je ne m'occupe plus de moi. Il n'y a pas pire ingratitude que la sienne.

02 juillet 2006

A la solde de l'adversaire


Ce n'est pas comme si c'était un grand plaisir pour moi, mais toute pseudo-modeuse se doit de s'intéresser un minimum aux soldes. Je me déteste. Me voilà donc partie pour un aprem' shopping, parée de mon plus beau cabas au bras : ma copine total fashion. Les filles doivent savoir de quoi je parle, cette fille qui connaît toutes les tendances, et même les futures tendances qu'elle est à seule à renifler, la truffe aux aguets, celle dont la bible est le supplément mode de Vogue usa et qui rêve de devenir un jour, si le Dieu des stilettos le veut bien, une vraie Alix Girod De l'Ain. Celle dont on déteste la futilité mais dont le charme, le sourire et la bonne humeur constante (se crisper ca file des rides chérie, fais gaffe) nous font succomber.

Me voilà doonc embarquée pour une tournée foule, fringues défraîchies et canicule mortelle, ou plutôt (traduit par Cop'mode) futurs mecs potentiels, fringues à tomber et bronzage assuré. Chouette... J'aurais dû me suicider au nutella périmé hier soir. Trop tard, je suis piégée par le sourire de Docteur Jupette / Miss Hype.

Les quartiers commerçants sont bondés. Et même, débordants. Vomissants de foule transpirante et moîte. Les oasis fluo placardés vulgairement abreuvent les bêtes assoiffées qui se damnent d'amour devant les ristournes promises, salissant les vitrines de baisers enjôleurs et caressant les étiquettes prometteuses. Linceul mouvant et puant, coeur envieux de la ville offerte. Je me faufile tant bien que mal dans les neurones vides de la masse, me servant de Copine comme bouclier, petit être ravi de frôler du mâle gominé.

Puis, dans un brusque changement de direction, nous franchissons le synapse climatisé et cerbérisé d'un magasin hypermodernisé. Les murs blancs et les néons criards me transpersent les pupilles, je sens la migraine pointer. Ou peut-être est-ce dû au mélange raffiné sueur-déo du poilu qui semblent attendre sa femme, appuyé contre un rayon, la mine dépitée. Nous voici dans l'aire de l'odorat. J'effleure les flacons alignés, parfume des tiges de papier que j'enfourne dans mon portefeuille et déambule bêtement sur la moquette beige pendant que Mademoiselle Mode fouine dans le rayon manucure. Une vendeuse m'accoste (m'agresse?) et me sort d'un sourire si fade qui'ilme semblait collé là, comme une mouche attirée par l'odeur du patient mari : "Je peux vous aider?". Ouhla, à la vue de son rouge à lèvre sanguin contournée d'un trait noir, je prends peur, fais un petit geste de la main et méloigne en trottinant. Ainsi ces choses ont remplacé les lèvres purpurines que chérissait Roméo... Décandence de laideur.

Perdue dans mes pensées, tripotant du doigt un fin ruban satiné ornant un coffret Chantal Thomass, je suis vite récupérée par Notre Amie qui m'explique d'un air indigné qu'ils vendent encore du vernis à paillettes, alors même que, et ca tout le monde le sait, c'est out depuis des luuuuuustres chérie. Je sais pas, moi mes ongles je les ronge t'façon.

Extirpée de la chose pour être à nouveau engouffrée dans un magasin de fringues tip-top tu vas voir, je reste passive et lassive, tirée par la main par mon Maître Marie-Clairien. Une fois de plus j'erre dans les rayons repus de tissu. Je parcours mollement du regard les offrandes vestimentaires proposées, mais la saveur ne m'atteint pas. Et puis je finis par tomber sur ce cache-coeur noir, lové dans un coin, seul et terriblement classique, me caressant d'effluves tentantes. Je le regarde, l'appréhende, le touche et l'aime déjà. Je le saisis vivement mais je sens une main empêcher mon aquisition. Une bimbotteuse haut-perché le tire à elle violemment, me jetant un regard noir. Et dans ma tentive de récupération de l'objet convoitisé, la couture se déchire, s'écarte, et cicatrise à jamais le trésor. Et zut. Je le lâche et le laisse à la concurrente qui elle semble ravie de son futur achat, même estropié. L'important semblait être de gagner le combat plutôt que d'en récolter un butin alléchant. Bwof.

Je pars rejoindre ma Camarade de chambrée à l'autre bout du magasin, pour m'apercevoir à la fin de mon périple qu'elle est en délicieuse compagnie. Elle est en train de conseiller un jeune homme sur ses achats (le pauvre il vient juste de casser tu comprends, c'est trop triste... faut en profiter!). Je lui fais comprendre d'un signe de la main que je m'éclipse, et après une moue boudeuse d'une demi-seconde, elle retrouve son sourire légendaire devant le bel esseulé.

Je rentre donc chez moi, gavé d'un bain de foule trop lourd pour mon estomac. Je passe à la pharmacie acheter un collier anti-puces pour mon sumo de chat et file d'un bon pas vers mon antre de tranquillité, loin des posters raccolleurs et autre soldes im-bat-ta-bles. En remontant 4 à 4 les escaliers vers mon chez-moi, je croise ma voisine du 2ème qui me regarde d'un air mutin : "Alors, on a fait de bonnes affaires ?! ". Je regarde mon petit sac de papier et le remue en l'air : "J'ai acheté un petit collier avec une clochette". Elle me regarde l'air dubitative, se ressaisit et feint d'un ton évident : "Oui oui bien sûr, c'est la dernière mode, on en voit partout!". Préférant la laisser dans l'ignorance, je me contente de sourire avant de continuer mon ascension. Et en insérant ma clé dans la serrure, je me dis qu'une fois encore j'ai su échapper aux sirènes de l'achat inutile. C'est ma banquière qui va être contente !!