Le monde de Juju

23 juin 2006

Un oeil sur ma planète

L’été faisant, la Juju se déshydrate. Petit animal citadin aux réserves corporelles d’eau limitées, la Juju se doit au début des grosses chaleurs d’augmenter sa consommation quotidienne de liquide. Adepte du coca light, elle doit alors les acheter par packs (plus lourds que ses habituelles canettes mais d’une contenance bien plus pratique). Ne pouvant trouver ces packs dans sa réserve naturelle (alias l’épicerie du coin), la Juju doit alors se rendre dans des contrées bien plus vastes et bien plus hostiles : l’hyper géant méga supermarché.

Accompagnée de son acolyte le Grosbisou (petit animal câlin à la communication riche et à la compagnie agréable, bien que dénué de tout langage verbal), la Juju se déplace seule, trop peu sociable pour adopter la notion de meute.

Arrivée à l’oasis commercial, la Juju se pare d’une poche métallique sur roulette, car naturellement non dotée d’un rangement corporel ergonomique. Elle y cale le Grosbisou dans un espace prévu à cet effet et se dirige d’un air méfiant vers l’oasis rafraîchissant. Agressée par la climatisation ambiante, la Juju renfrogne sa truffe, plisse ses paupières et se hâte vers les barrières métalliques destinées à réguler les entrées et à vérifier si les espèces attirées présentent une menace quelconque pour les proies peu vigilantes.

Après s’être arrêtée devant toutes les têtes de gondole jaune fluorisées, la Juju parvient enfin au rayon souhaité. De son regard averti, elle repère les packs argentés destinés à attirer l’œil de la femelle. Elle s’avance doucement afin de ne pas montrer son intérêt certain et attirer la convoitise des amatrices tapies derrière leurs chariots de métal.

La Juju saisit la bride plastifiée d’un pack, alors même qu’une femelle de la même espèce, qui se différencie d’elle par sa toison sombre, s’empare elle aussi de la poignée. Les bêtes se toisent, se fixent et se défient. Les pupilles se dilatent, les dents se découvrent. Eblouie par la bouche glossée de la Juju, Toison Brune se retire, tête baissée et lèvre retroussée.

D’un air vainqueur mais méfiant, la Juju se saisit rapidement du pack, le cale dans sa remorque ternie et file vers le point de troc. Contre quelques pièces rondes grappillées ci et là, la Juju peut repartir avec le nectar convoité. C’est un soulagement pour cet être solitaire et assoiffé. En sécurité, tapis dans leur antre, la Juju et le Grosbisou pourront enfin se délecter du liquide pétillant acquis après bien des désagréments et des dangers, au sein d’une nature hostile à ses propres habitants.

Les aléas de la vie de ce petit être étrange en voie de disparition ne cesseront de nous étonner. Voilà encore bien des mystères que la vie animale nous réserve, et que nous ne saurions banaliser…

2 Comments:

Blogger CarrieB said...

Hostile, la nature! Ah, la jungle du supermarché et ses hordes d'animaux-conditionnés-pousse caddie-liste à la main...
Moi je suis une championne de l'achat compulsif et me fais toujours prendre au piège de la stratégie du linéaire!

12:15  
Anonymous Anonyme said...

"T'envoie du Coca Light par la pensée !"

Bisous Juju

18:49  

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